Agathe Larpent est entrée en dialogue avec ce lieu, elle a choisi, pour amitiés électives, ces rinceaux de pierre blonde où l’acanthe pose ses voltes gracieuses.
C’est une conversation de porcelaine introduite à l’intérieur de l’église, tantôt recueillie en bas-reliefs ombrés de bruns et en céladons craquelés,
tantôt chuchotée dans des tons vieil or qui soulignent la grâce de sa courbe, la finesse de l’empreinte de ses feuilles.
Iréne Magnaudeix
Thème de l'exposition
L’acanthe : de la plante à l’objet archéologique
L’acanthe est une plante méditerranéenne. Elle se caractérise par ses grandes feuilles très découpées. Sous l’Antiquité, celles-ci ont inspiré les Grecs qui en fait un élément de décor architectural caractéristique des chapiteaux corinthiens. Au XIIe siècle, la feuille d’acanthe est l’un des principaux motifs ornementaux. Elle devient omniprésente dans l’art roman provençal. Les acanthes à feuilles molles et acanthe épineuse, aux feuilles encore plus découpées, sont les modèles de ce type de décor. Pour les reproduire, Agathe Larpent a
longuement contemplé ces plantes avant de les redessiner et de procéder à des moulages.
La céramiste en présente plusieurs séries sur les murs et le sol de l’église.
Les vitraux de l’église : sur les traces d’Aurélie Nemours
En 1998, l’artiste peintre française Aurélie Nemours (1910-2005) a crée dans l’église de Salagon des vitraux monochromes pourpres rouge selenium. Ce rouge « absolu » du vitrail est rythmé par un réseau de lignes noires tracées au plomb volontairement asymétriques.
Seul le vitrail de l’oculus du xixe est traité de façon unie. En suspension dans le verre, les vitraux permettent à la puissance de l’énergie et de la lumière de s’incarner visiblement. En résonance avec cet œuvre, Agathe Larpent a conçu une table de braises. Cette pièce unique se compose de 16 éléments de porcelaine translucides pour donner un sentiment visuel de chaleur immédiate, de « cendres refroidies » indique le sculpteur. Ainsi, la correspondance entre les vitraux d’Aurélie Nemours et l’œuvre d’Agathe Larpent donne naissance à un échange de lumière inédit dans l’église.